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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 20:05

 En Belgique, on a une tradition du documentaire que Strip-Tease a rendu populaire, explique le producteur jacques Henry Broncart. La plupart des cinéastes belges contemporains ont baigné là-dedans." Créé en 1985 sur la RTBF, Strip-Tease est un précipité de vie grinçant qui fait jaser jusque dans les cours de récré. En moins de temps qu'il en faut pour dire "Non, peut-être ?", elle devient culte.  Trois zinzins vont alors mettre un bon coup de pied au culte en le parodiant. Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde réalisent C'est arrivé près de chez vous, un faux documentaire sur un serial killer torché au houblon. Conçu comme un film de fin d'études, le brûlot atterrit en 1991 au Festival de Cannes. Lors des projections, les sièges des fuyards horrifiés claquent comme des castagnettes. La Croisette ne parle que de ça et de Toto le Héros de Jaco Van Dormael. Deux bazars pareils à l'époque où le 7e art belge a un sérieux arrière-goût de naphtaline, ça fait un choc. "Avant la Seconde Guerre, on avait un cinéma ronflant, récapitule Philippe Kaufmann le coscénariste de C'est arrivé..., à partir de 1947, le plan Marshall nous a interdit de produire des films. On s'y est remis à la fin des années 1960. Avec Chantal Ackermann et Gérard Corbiau." Après, on s'étonne qu'il pleuve en Belgique. Entre la cérébralité de l'une et l'académisme de l'autre, il y a de quoi dégainer les hallebardes. "On était consternés par le conformisme du cinéma belge, se souvient Benoît Poelvoorde. Nous, on a fait C'est arrivé...pour s'amuser. La suite nous a dépassés." La suite est une révolution.  

Exalté par le succès du trio, le Belge en conclut qu'il peut bricoler des films dont le budget ne frôle pas la dette extérieure de la Chine. Qu'il a des trucs à dire. Voire qu'il est moins con qu'il le croit. Car le Belge ne se tient pas en grande estime, c'est culturel, génétique, hygrométrique peut-être bien. "Ça nous donne le sens de l'autodérision, mais ça nous freine aussi, estime le producteur Boris Van Gils." C'est arrivé près de chez vous" a décomplexé tout le monde.


Des artistes, des bricolos, des fêlés et des grands joufflus ont pris leurs cliques et leur clap pour réaliser des films. Au pif. Ce qui se traduit par tout et n'importe quoi. Benoît Mariage tourne" les convoyeurs attendent" une merveille tragi-poétique. Marc Levie s'esquinte sur" ne faites pas du cinema" un Lost in la Mancha des Ardennes. "C'était le Far West, résume Bouli Lanners, il n'y avait pas de loi, on apprenait sur le tas." Le constat vaut surtout pour la Wallonie. En Flandres, on s'en sort plutôt bien. Facile : les Flamands se précipitent sur les films flamands. Parce qu'ils leur ressemblent. Problème : leurs œuvres franchissent difficilement les frontières, linguistiques et géographiques. Les Wallons boudent les longs-métrages  en flamand et inversement. Le reste du monde s'en fout, de toute façon il confond la Belgique et la Suisse, les Flandres avec les Pays-Bas, lesquels se situent près de la Moldavie, comme chacun sait. Petit pays, gros souci. Malgré tout, les talents émergent. Et les réalisateurs courent les festivals, les Dardenne en tête. "Tous les ans, un film belge est sélectionné à Cannes, Venise ou Berlin, souligne le réalisateur Frederic Sojcher, aucune cinématographie aussi petite n'est représentée de la sorte." Il y a un truc. Le côté fait main, roulé sous les aisselles, allié à un sens du
réalisme qui sonne toujours juste, y compris dans ses extrêmes. "Et puis, on rit de nous, de nos travers", dit l'acteur Jean-Luc Couchard. En bref, le Belge est authentique. Et authentiquement fauché, les aides au financement étant chiches. Ça rend créatif, mais ça énerve.  

Sous la pression, les politiques belges réagissent en créant le tax shelter, en 2004. Cette disposition qui incite les sociétés bénéficiaires à investir dans les productions audiovisuelles en échange d'une exonération d'impôt va provoquer une sorte de ruée vers l'or. Les coproductions se développent et les films s'exportent. Wallons et Flamands cessent même de se tirer la bourre. "On est arrivés à une certaine cohésion, affirme François Damien Des deux côtés, on raconte nos histoires sans tabous ni complexes." La Belgique est le nouvel eldorado. L'avantage étant qu'il n'est pas utile d'y aller en pirogue, le désavantage étant que l'autochtone s'en bat l'œil. "Le public belge attend que les films soient reconnus à l'international avant d'aller les voir en salles", soupire le réalisateur Joachim Lafosse. "Et quand on a du succès, on a l'impression d'être des usurpateurs", complète l'actrice Anne Coesens Le Belge est sympa mais compliqué. Les Magritte, l'équivalent des Césars, vont peut-être requinquer l'orgueil national. C'est en tout cas le but des organisateurs qui les ont instaurés en 2011..

Qu’est-ce que le cinéma belge?

Plusieurs axes se dégagent: le cinéma belge est un cinéma de liberté et un cinéma qui a de la gueule. Mais c’est surtout un cinéma sans prétention. Comprenez, pas prétentieux

Un cinéma de liberté

 Liberté de ton.

Une caractéristique du cinéma belge? Son humour potache ou corrosif qui met en avant une auto dérision, une forte aptitude à se moquer de soi-même sans pour autant se dénigrer. Le Belge se fait sujet de son cinéma comme dans La vie sexuelle des Belges de Jan Bucquoy. « C’est un pays particulier qui puisse son identité dans une non-identité», insiste Bouli Lanners.

Le cinéma belge semble avoir fait sien le vieil adage : « Là où y a d’la gène, y a pas de plaisir ». Rien ne l’arrête aucun tabou, aucune provocation… Au contraire, plus c’est étrange, plus c’est attrayant jusqu’à en devenir une marque de fabrique.

Les films belges, faits au départ avec peu de moyens sont moins soumis aux dictats des grosses productions, aux exigences du Box-Office, aux ordres du vedettariat. Ce peu de souci de rentabilité favorise l’emploi de nombreux comédiens non professionnels et une prise directe avec la réalité. Tout cela en fait un cinéma réellement indépendant.

Liberté de création.

, c’est un jeune cinéma qui a la chance de ne pas subir le poids d’un lourd patrimoine national. Il ne se soucie pas forcément du regard de l’autre. La peur de montrer ou de rater est amoindrie, facilitant le délire, l’invention, débridant l’imagination.

 Moins narcissique que le cinéma français, il paraît privilégier l’esprit de famille, le clan, la bande de copains, que ce soit dans le sujet des films: Les Barons deNabil Ben YadirLe Grand Tourde Jérôme Le Maire, ce déjanté faux documentaire. Ou dans leurs réalisations où le collectif tient continuellement une grande place.

 Des films qui ont de la gueule .    Qui ont une sacrée gueule

Beaucoup de films parlent de différence, mais plus encore emploient des comédiens différents. Pour preuve Didier Toupy,un des acteurs fétiches de Bouli Lanners, , déjà présent dans son premier court métrage Travellinckx qu’on retrouve dans Les Géants Ou Pascal Duquennechez Jaco Van Dormael, le Georges du 8e jour, couronné à Cannes aux côtés de Daniel Auteuil…

Qui poussent des coups de gueule

HH, Hitler à Hollywood de Frédéric Sojcherdénonce un pseudo ancien complot américain visant à ruiner le cinéma européen. L’envahisseurde Nicolas Provostpointe la situation des sans-papiers qui mène au chaos…

Qui ont une Grande Gueule

Forcement Dikkenek(expression bruxelloise désignant une grande gueule) d’Olivier Van Hoofstadt et ses répliques cultes! Jan Bucquoy, ses coups d’État, sa roue de la fortune en Happening… Et tant d’autres…

 Qui te fendent la gueule:

L’animation belge, en général. Pic Pic André ou  Panique au village, en particulier 

Qui t’en met plein la gueule

Les « entartages » de Noël Godin, le  jeu si juste des acteurs d’Hasta la Vista avec Isabelle De Hertogh en tête, l’étonnante Anne Coesens

 Qui vous défoncent la gueule

Bullhead et son impressionnant acteur Matthias Schoenaerts. Illégal d’Olivier Masset-Depasse

 Qui sont casse-gueule

Les sujets de nombreux films dont Ça rend heureux de Joachim Lafosse ou comment éviter le nombrilisme en le transformant en une délicieuse description des contingences du cinéma.

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’OASIS LA CANAL

Le constat que nous faisons tous c’est que la vie devient de plus en plus difficile, dans le béton, le chacun pour soi, et le stress. Les habitants des villes sont les premiers touchés…

Face à ce constat nous avons crée une association dont le but est (selon les statuts) de « donner l’occasion à des personnes de trouver des temps de respiration et de convivialité ».Les activités organisées par des membres de l’Association sont multiples et ne sont pas un but en soi mais des outils pour atteindre  l’objectif.

Respirer autour du bon air de notre campagne ;

Respirer autour d’une réflexion-débat, autour d’un film ;

Respirer autour d’un repas bio, d’une cuisine allégée, de découvertes de nouvelles recettes;

Vivre la convivialité à travers ce que chacun peut apporter de positif aux autres, à travers le rire ou le partage, à travers la rencontre de nouvelles personnes…

Tout cela nous le vivions à l’OASIS-LA CANAL depuis une dizaine d’années et entre amis. La chance d’avoir à notre disposition deux appartements en gîte nous permettait d’accueillir des groupes d’une dizaine de personnes.

Nous avons décidé de le vivre dans le cadre d’une association pourquoi ?

Parce que ce cadre permet de dépasser le réseau habituel de nos relations : ceux et celles qui ont envie de partager nos valeurs sont invités  et  accueillis pour qu’ils  trouvent leur place.

La formation d’initiations aux arts plastiques nous a prouvé que nous avions raison : des personnes venues de Paris, de Lorgues, d’Aix en Provence  ont vécu un moment intense de respiration et de convivialité autour d’un « travail » d’élaboration artistique.

Depuis, des propositions pour de nouvelles réalisations sont faites. Il reste à les mettre en place. L’important est que nous sortions de nos habitudes de consommation : chacun peut apporter ses idées, mettre en place avec d’autres un projet, faire profiter à d’autres des trésors qui si souvent dorment dans des idées avortées.

Donc en avant pour une vie plus longue que la notre à notre association !

Louis Clavier, Président,
Marie Françoise Laure, secrétaire
Françoise Clavier Féminier, trésorière
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